Semaine artistique, culturelle et économique de Kourémalé : Une volonté d’intégration

Publié le 04 octobre
Source : l'Essor

Les deux villages frontaliers ont en partage les mêmes réalités et la même culture. Ils ont été séparés par un accident de l’histoire lié à des intérêts géostratégiques et géopolitiques du colonisateur.

Pour mieux schématiser les bonnes relations entre nos deux peuples, l’ancien président guinéen, Ahmed Sékou Touré disait que «le Mali et la Guinée sont les deux poumons d’un même corps». Nos deux pays partagent la même histoire, la même culture et le même espace géographique. Ce qui justifie amplement le fait que nos deux peuples vivent en parfaite harmonie.

C’est le même esprit de vivre ensemble qui a prévalu dans l’organisation de la première Semaine artistique, culturelle et économique de Kourémalé, un village frontalier de la Guinée, notamment d’un village du même nom. L’événement s’est tenu du 21 au 28 septembre dernier sous le thème : «La Guinée et le Mali, une même histoire, un même destin». C’était à l’initiative de l’artiste malien, Salif Keïta.

Selon les initiateurs, ce calendrier a été choisi en référence au 21 septembre, veille de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et au 28 septembre, jour du non historique de la Guinée à la France. Mais cette semaine se veut d’abord un hommage au peuple frère de la Guinée pour le soutien apporté au peuple malien, lors des «sanctions inhumaines et injustifiées» de la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-afriacine (Uemoa). Ce pays a refusé de fermer ses frontières avec le Mali. Et ce, malgré toutes les menaces à son égard. Ce rendez-vous culturel et économique visait aussi à briser les barrières de séparation, mais surtout à favoriser l’unité, l’intégration économique et sociale de nos deux peuples.

La Semaine a été solennellement lancée par le représentant du ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Amadou Diabaté, en présence du préfet du Cercle de Kangaba, Alidji Bagna, de l’initiateur de l’événement, Salif Keïta, et de nombreux invités.

Le  chef du village de Kourémalé Guinée, Kaba Madou, a souhaité, en son nom et celui de son homologue de Kourémalé Mali, Bréma Keïta, la bienvenue à tous.

Il a rappelé que lors de l’attaque des Portugais contre son pays, le 22 novembre 1970, le Mali a été le premier à venir en appui. Idem quand la Guinée a été touchée par une grave épidémie d’Ebola en 2014. Le Mali a été aussi l’un des rares voisins africains à avoir laissé ses frontières ouvertes avec la Guinée. Pour lui, au regard de cette solidarité malienne, il paraissait logique pour la Guinée de ne pas appliquer les sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa contre ce pays frère, a déclaré l’autorité coutumière.

UN ÉTAT FÉDÉRÉ- Les maires des deux villages du Mali et de Guinée respectivement Mamby Keïta et Koumou Keïta ont apprécié cette belle initiative du chanteur malien, soutenue aussi par les deux chefs d’État. «Les ex-présidents Ahmed Sékou Touré et Modibo Keïta ont toujours œuvré pour l’union des deux peuples. Nous sommes heureux pour la fraternité, l’unité, l’honneur et surtout la liberté.  La Guinée et le Mali font un seul peuple et indivisible.

Il faut que diplomatiquement les lignes bougent pour que nous soyons un État fédéré», a relevé Salif Keïta. Quant à la représentante de la marraine de la Semaine, Binta Niane, elle a rappelé l’identité de vue de son mouvement «An-biko» et de l’artiste Salif Keïta pour le développement de notre pays. «Nous sommes réconfortés de voir les deux pays frères unis dans la paix pour construire un avenir meilleur», a dit Alidji Bagna. Pour sa part, le représentant du département en charge de l’Artisanat et de la Culture a souligné que c’est une belle initiative à encourager.

Au menu, il y avait des prestations d’artistes maliens et guinéens, animations folkloriques, conférences sur les humanités mandingues et sur la médecine traditionnelle en Afrique, notamment ses enjeux et perspectives. «Kourémalé est un exemple d’absurdité des frontières héritées de la colonisation.

C’est une ville fondée par le même individu. Par un jeu d’intérêts géostratégiques et géopolitiques, nos deux pays se sont retrouvés dans le giron français. Et le colon a procédé à la division, en traçant simplement un trait et en mettant une barre de fer pour dire voici Kourémalé Guinée et Kourémalé Mali», a expliqué le conseiller technique au ministère de la Communication, de l’Économique numérique et de la Modernisation de l’administration, Arouna Barry.

Ce conférencier a aussi rappelé que dans un appel dit de Kourémalé, il a été décidé d’instituer cette Semaine sous le nom de «Festival international de Kourémalé pour l’unité africaine», de réaliser sur la zone tampon entre les deux villes le bosquet de l’intégration. Mais aussi de construire un centre de recherche (donya blon) sur le Mandé et l’Afrique à Kourémalé. On envisage aussi de  bâtir à l’intérieur de ce temple du savoir, un centre d’expérimentation, d’enseignement de nos langues et en N’ko. Le maire de Kourémalé Mali a attribué une parcelle pour y bâtir ce donya blon.

À la clôture,  le préfet de Siguiri, le colonel Fodé Soumah s’en est référé aux actions des défunts présidents Modibo Keïta et Ahmed Sékou Touré qui ont toujours prôné une paix durable entre nos deux peuples dans l’unité et la concorde. Il a aussi rendu un vibrant hommage aux chefs d’État actuels, Mamadi Doumbouya de la Guinée et Assimi Goïta du Mali pour les multiples efforts accomplis pour que nos communautés se sentent en sécurité.

Source : l’Essor