Produits de grande consommation : Le gouvernement veut briser l’élan des spéculateurs

Publié le 12 août
Source : l'Essor

Au cours d’une conférence de presse tenue hier, les ministres en charge des Finances et du Commerce ont rappelé les mesures prises pour annihiler la flambée des prix de certaines denrées de première nécessité.

Ces efforts ont été souvent malmenés par des pratiques spéculatives. Des sanctions sont prévues contre le non-respect des prix subventionnés convenus.

Face à la vie chère caractérisée par la hausse des prix de certains produits de première nécessité notamment sur le marché national, le ministre de l’Industrie et du Commerce a précisé que ces augmentations constatées ne sont « ni spécifiques ni particulières » au Mali, assurant que tout sera mis en œuvre pour stabiliser les prix. Mahmoud Ould Mohamed et son collègue en charge de l’économie et des Finances, Alousséni Sanou, qui co-animaient hier une conférence de presse, en ont profité pour rappeler les efforts consentis par l’État pour la stabilisation des prix des denrées de base.

D’entrée de jeu, le ministre de l’Industrie et du Commerce a rappelé que l’inflation des prix a pris de la vigueur dans notre pays, avec le début de la crise ukrainienne et les sanctions illégales et injustes prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) contre notre pays. Qui, selon lui, était confronté à la double crise sécuritaire et sanitaire liée à la Covid-19. Pandémie qui est à l’origine de la hausse des prix de la plupart des produits sur le marché international, a soutenu le chef du département en charge du Commerce.

Pour preuve, il a précisé que selon les données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), l’indice des prix des produits importés par les pays de l’Uemoa, s’est accru de 48,6% au mois de juin 2022 par rapport à son niveau de la même période de 2021. Cet indice, a-t-il poursuivi, a accéléré par rapport à mai 2022 où il avait enregistré une hausse de 46,2%. Les hausses les plus importantes sont notées au niveau du blé (plus de 73,1%), du riz (plus de 44,8%), des huiles (plus de 39,6%) et du sucre (plus de 24,2%), a expliqué le ministre Ould Mohamed. Selon lui, les cours du pétrole brut sur les marchés internationaux (moyenne WTI, Brent, Dubaï), exprimés en dollars US, ont enregistré une progression de 55,7%, en glissement annuel, en juin 2022, après une hausse de 62,8% au mois de mai 2022.

Concernant le Mali, la situation aurait été plus compliquée si des mesures d’atténuation n’avaient pas été prises par les autorités. Par exemple, le prix de la tonne de blé est passé de 177.000 Fcfa en novembre 2021 à 262.000 Fcfa en avril 2022, soit une hausse de 48%. Au même moment, a déploré le conférencier, le prix du sac de 50 kg de la farine boulangère est passé 22.500 à 25.000 Fcfa soit une augmentation de 11%. Quant aux prix fournisseurs du sucre, ils sont passés de 275.000 à 445.000 Fcfa, soit 62%. Selon le ministre Mahmoud Ould Mohamed, cette performance enregistrée par notre pays a été rendue possible grâce aux concertations engagées par son département avec les industriels, les importateurs et les commerçants détaillants. Qui, à leur tour, ont accepté de renoncer à une part substantielle de leur marge commerciale.

LES PRÉCISIONS DU MINISTRE SANOU- Le ministre de l’économie et des Finances a insisté sur les efforts déployés par le gouvernement de la Transition pour assurer l’approvisionnement correct du pays en produits de première nécessité à un prix maîtrisé. Ces efforts rentrent dans le cadre du soutien direct aux ménages et en termes d’appui au pouvoir d’achat de ces derniers. Il s’agit, concernant l’approvisionnement du pays, de la réduction de 50% de la base taxable à l’importation de 300.000 tonnes de riz, 60.000 tonnes de sucre et 30.000 tonnes d’huile alimentaire. À ces efforts, s’ajoutent l’administration des prix des produits alimentaires pour éviter les augmentations injustifiées et le renforcement des brigades de contrôle des prix.

Le ministre Alousséni Sanou a également souligné les subventions à l’énergie du Mali, à hauteur de 63 milliards de Fcfa en 2021 et 30 milliards de Fcfa en 2022 pour continuer à assurer une distribution continue de l’énergie à un tarif fixe. Selon lui, le gouvernement veillera à la suspension de la perception de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les importations et les achats locaux de graines de coton, le maintien du prix à la pompe malgré une augmentation moyenne de plus de 40% des prix des produits pétroliers. Sans ces subventions, les prix à la pompe seraient de 1.136 Fcfa pour le gasoil et 1.139 Fcfa pour le super carburant. également, le maintien de la subvention du gaz butane jusqu’en mai 2022.

En conséquence, sur la période du 1er janvier au 31 juillet 2022, les manques à gagner au cordon douanier sur les produits subventionnés par l’état s’établissent à 115,684 milliards Fcfa dont : 11,882 milliards de Fcfa sur les produits alimentaires, 100,956 milliards de Fcfa sur les produits pétroliers, 2,846 milliards de Fcfa sur les graines de coton. Au total, sur la période du 1er janvier 2021 au 31 juillet 2022, ces manques à gagner sont estimés à 154,786 milliards de Fcfa.

Toujours dans l’optique de soulager la souffrance des populations, le gouvernement, au titre du soutien direct aux ménages, a poursuivi la politique de subvention en matière de santé. Ainsi, plus de 15 milliards de Fcfa par an ont été engagés pour assurer le financement de la gratuité de certains services de santé notamment la césarienne, la lutte contre le paludisme, le Sida, la tuberculose, le Ramed, les vaccins et certains médicaments.

En appui direct aux populations vulnérables à travers le programme gouvernemental de transfert monétaire, 39 milliards de Fcfa ont été distribués, pour l’instant, à 366.964 ménages, soit 90.000 Fcfa par ménage.

LIQUIDATION D’ARRIÉRÉS- Au plan de l’appui au pouvoir d’achat des ménages, le gouvernement a amélioré les conditions salariales à travers, entre autres, l’unification de la grille à un indice plafond de 1.382 Fcfa pour le personnel relevant des statuts des fonctionnaires de l’État, des Collectivités territoriales et des statuts autonomes et militaires, l’augmentation des indemnités de différents corps de métier pour un coût global d’environ 200 milliards de Fcfa.

Le chef du département a souligné que le gouvernement a renforcé la résilience des acteurs économiques en liquidant plus de 310 milliards de Fcfa d’arriérés de dettes fournisseurs et prestataires. En faveur des entreprises impactées par la Covid-19, des dettes fiscales ont été effacées à hauteur de plus de 30 milliards de Fcfa. Cela au profit notamment des entreprises du secteur de l’hôtellerie, du tourisme, du spectacle et de la restauration.

Le gouvernement, a encore révélé le patron de l’hôtel des Finances, a consenti plus de 57 milliards de Fcfa pour la subvention aux intrants agricoles, 87 milliards de Fcfa à la relance de la filière coton, 115 milliards de Fcfa à la relance de l’Office malien de l’habitat (OMH) et 600 millions de Fcfa pour la Comatex.

Les inquiétudes des journalistes ont porté sur les raisons du non-respect des prix plafond convenus, la possibilité de sanctionner les opérateurs économiques qui se rendent coupables de la hausse des prix des produits subventionnés. En réponse, le ministre Sanou a invité la population à dénoncer les commerçants ne respectant pas les prix plafond en appelant les numéros 36020 et 36080. Rappelons que le mercredi dernier, à la faveur du Conseil national des prix, le ministre de l’Industrie et du Commerce avait rencontré les commerçants importateurs, grossistes et détaillants pour partager avec eux les décisions du Conseil des ministres extraordinaire tenu dimanche dernier.

Source : l’Essor