Mardi 16 Avril 2024

Thé Farako : Sikasso réclame son usine

L’État a entamé les procédures de relance de cette usine depuis 2010. Mais les choses peinent à se concrétiser sur le terrain au grand dam des populations et des anciens travailleurs de cette industrie.

Le thé Farako était une merveille de la Région de Sikasso. Située à 25 km de la Capitale du Kénédougou, la ferme agroindustrielle de Farako (Commune rurale de Finkolo) est un vestige de l’ex-Opération thé Sikasso (OTS). Elle comprend une ferme agricole de 402 ha de terre dont 80 sont exploités, et une unité industrielle de transformation des feuilles de thé fraîches en thé vert pour le marché national. Les 80 ha mis en valeur sont repartis en quatre blocs de parcelles de théiers.

L’exploitation de cette ferme est faite grâce à la synergie d’actions de deux volets : un volet agricole pour la production de la matière première que constituent les feuilles fraîches de thé et un volet industriel, chargé de la transformation de ces feuilles. La ferme agroindustrielle de Farako comptait 340 emplois pour les volets agricole et industriel. Tous les emplois du volet industriel étaient permanents tandis que le volet agricole n’en comptait que 5.

L’usine de production est à l’arrêt depuis une vingtaine d’années. Qu’en pensent les Sikassois ? Notre équipe de reportage a approché les services techniques et plusieurs citoyens de la Cité verte.

Dans le cadre de la politique de substitution des produits locaux aux importations, la culture du thé avait été introduite au Mali dans les années 1970 avec l’appui de la République populaire de Chine. Au démarrage des activités à la ferme de Farako, les productions de thé étaient encourageantes et sont passées de 45,5 tonnes en 1974 à 115 tonnes en 1977. Dès lors, elles ont enregistré des évolutions en dents de scie.

Cette situation a amené le gouvernement à signer deux contrats de location gérance avec le partenaire chinois. Le premier, scellé en 1987, permit d’atteindre des résultats satisfaisants. La production de thé a atteint 127 tonnes en 1990 pour un chiffre d’affaires de 107 millions de Fcfa. Et le second a pris fin en décembre 2004, selon la direction régionale des industries.

C’est à partir de ces instants que l’Usine de thé Farako a entamé une descente aux enfers avec une chute drastique de la production. Depuis, les populations de Sikasso ne cessent de réclamer la relance de cette merveille. Lassine Traoré, commerçant de la place, se dit «profondément déçu» par la fermeture de cette usine qui faisait la fierté de la 3è région et même du Mali tout entier.

«Lorsque je me rendais à Bamako, tous mes amis me réclamaient le thé 4011 de Sikasso en tige ou en sachets», se souvient-il. Selon le directeur régional des industries de Sikasso, Djicoura Mariko, l’État a entamé les procédures de relance de cette usine depuis belle lurette.

En effet, dans le cadre de la relance des activités de la ferme agroindustrielle de Farako, le Mali a procédé, le 19 mai 2005, à la signature d’une nouvelle convention de location gérance avec la Société générale des thés du Mali (SOGETM), promue par Souleymane Koné. Cette nouvelle convention a été établie sur la base d’un programme d’investissement de 410, 5 millions Fcfa pour une durée de 10 ans.

DIFFICILE RELANCE - En avril 2015, une mission interdépartementale s’est rendue sur le terrain en vue d’étudier l’exécution du projet de relance des activités de la ferme agricole de Farako. Toutefois, sur le plan administratif, le point d’exécution de ce projet se résume à l’élaboration en cours des termes de la convention qui liera la société chinoise CGCOC Groupe à l’État du Mali. Jusque-là, aucun signe de relance n’est perceptible sur le terrain. La dégradation de la ferme de thé se poursuit.

La direction régionale des industries a eu à accompagner le ministre du Développement industriel d’alors et sa délégation dans une mission de terrain effectuée du 15 au 18 septembre 2017 à Sikasso. Au regard de l’importance du rôle jadis joué par l’Usine de thé Farako (UTF) dans le développement socio-économique du Mali, le ministre avait placé cette unité au cœur de sa visite dans l’optique de mieux cerner les problèmes liés à cette relance.

Sur place, il avait pu constater de visu la dégradation progressive des équipements. Après s’être entretenu avec le personnel de la ferme de thé, le ministre est revenu à Sikasso où il a eu des échanges avec l’ensemble des parties prenantes (autorités administratives et politiques, structures techniques etc.), réunies pour la circonstance au gouvernorat.

Au terme de ces rencontres, le ministre avait instruit aux services compétents la sécurisation d’urgence de la ferme, selon les techniciens régionaux. Il s’agissait de procéder à l’immatriculation dans le schéma d’urbanisation et de commettre un géomètre pour faire l’état des lieux. Malgré ces démarches qui datent de plusieurs années, l’UTF demeure fermée au grand dam des populations et des anciens travailleurs de cette industrie.

La ferme agroindustrielle de Farako constitue une fierté nationale du fait que le Mali reste l’un des rares pays, voire le seul, à en posséder dans la sous-région ouest-africaine. Il importe de rappeler également que la Région de Sikasso dispose d’autres sites propices à la culture du thé dont la mise en valeur contribuerait considérablement à la croissance économique de notre pays. Il s’agit notamment des plaines de Lobougoula, Loutana et Kléla. C’est dire que les potentialités du Kénédougou, en matière de thé, constituent un atout majeur pour développer la production nationale afin d’en tirer un avantage comparatif dans l’espace sous-régional.       

    Les commerçants et les consommateurs ne cessent de réclamer à l’État la réouverture de cette merveille qui minimisera les importations de thé. Les habitants des villages environnants de Farako et de la Cité verte sont dans l’attente permanente de la relance de cette usine de production de thé et fondent beaucoup d’espoir sur les autorités de la Transition.

Fousseyni DIABATÉ

Amap-Sikasso

Source : l’Essor

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