Campagne agricole dans la Région de Gao : Peu prometteuse

Publié le 31 août
Source : l'Essor

Les faibles quantités de pluies et leur mauvaise répartition dans le temps et dans l’espace, ainsi que les faibles quantités d’intrants ne militent guère en faveur d’une bonne saison agricole

La pluviométrie dans la Région est insuffisante par rapport à l’année dernière

La campagne agricole 2023-2024 dans la Région de Gao a démarré dans des conditions pluviométriques assez préoccupantes. En effet, la pluviométrie constitue le souci principal des producteurs de la région qui ne cessent de scruter presque tous les matins le ciel pour savoir si les nuages seront au rendez-vous ou pas. «Les niveaux de pluies sont très insatisfaisants dans tous les cercles et communes de la région. Seuls 20% des besoins d’intrants ont été satisfaits et cela grâce aux appuis des partenaires et des achats des producteurs», a relevé le directeur régional de l’agriculture de Gao, Aliou Dicko.

Cette année, la pluviométrie dans la Région de Gao est insuffisante par rapport aux niveaux de l’année dernière. Ce qui renforce davantage les inquiétudes des producteurs. Et il y a de quoi. En effet, les relevés pluviométriques n’incitent guère à l’optimisme. «La pluviométrie de cette année varie d’une zone à l’autre. Et elle est mal répartie dans le temps et dans l’espace. Certaines zones ont été arrosées plus que d’autres comme dans le Cercle de Gao qui a reçu 145 mm en 14 jours contre 222 mm en 18 jours pour la campagne précédente.

Plus de 135 mm de pluies sont tombées en 8 jours dans le Cercle de Bourem contre 345 mm en 14 jours pour la saison précédente. Cette année, le Cercle d’Ansongo, grenier de la région, n’a reçu que 146 mm en 13 jours alors que pendant la campagne agricole précédente, 170 mm ont arrosé le Cercle d’Ansongo en 18 jours», selon le constat du directeur régional.  L’état des cultures est disparate. Si certains paysans sont en train de labourer leurs champs, d’autres utilisent des motos-pompes pour arroser leurs parcelles. Par ailleurs, le repiquage dans les périmètres irrigués villageois (PIV) des zones de submersion libre est terminé.

Issa Maïga exploite 12 hectares dans les zones de submersion libre. Nous l’avons trouvé en train d’ériger une digue autour de son champ avec des moyens rudimentaires comme les pioches, les pelles et les dabas. Il indique avoir loué 6 charrues pour labourer son champ à raison de 5.000 Fcfa par charrue et par jour. Ainsi une journée de labeur lui a suffi pour apprêter son champ à recevoir les cultures. Il utilisera aussi une motopompe pour arroser son champ pendant une journée et une nuit.

Ce qui lui a coûté au total 18 heures de travail pour lesquelles la machine a consommé 15 litres d’essence sans compter la location de l’engin à 500 Fcfa l’heure. Le riz du champ d’Issa Maïga est à la phase végétative de semi-levé. Il souhaite que l’État réalise une digue et un pont afin de canaliser l’eau du fleuve pour les cultures vivrières. Une des autres préoccupations majeures de cette campagne agricole est l’insécurité dans la région qui a poussé à l’exode massif des populations qui ont délaissé leurs terres de cultures.

Cette situation aura un impact négatif sur la production agricole, a déploré le directeur régional de l’agriculture. Avec cette situation d’insécurité et de déficit pluviométrique combinés aux manques et insuffisances d’appuis aux producteurs, la campagne agricole est presque menacée si elle n’est pas compromise.

Les autorités régionales et la direction régionale de l’agriculture doivent se focaliser sur les préparatifs du maraîchage et de la contre-saison pour éviter la crise alimentaire qui pourrait pointer à l’horizon du fait de cette campagne qui s’annonce peu prometteuse, selon les constats.

Abdrahamane TOURE (AMAP-Gao)

Source : l’Essor