Mali : RFI et France 24 définitivement suspendues, France Médias Monde conteste

Publié le 29 avril
Source : Le Républicain

Le mercredi 27 avril, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a annoncé le retrait définitif de l'autorisation d'établissement et d'exploitation du service de Radio France Internationale (RFI) et de France 24 au Mali.

Une décision contestée «avec force » par France Médias Monde.

« La décision de retrait définitif fait suite à des manquements relevés par la HAC dans le traitement de l'information sur le Mali par ces deux organes suivis depuis plusieurs mois par le Centre de Monitoring » a indiqué, dans un communiqué, la HAC, selon lequel « la Commission de l'Éthique du Contentieux et de la Déontologie, suite à l'auto saisine de la HAC, a examiné le contenu des émissions consacrées à l'actualité la plus récente, notamment celles diffusées sur les deux chaînes à partir du 10 janvier 2022 et qui sont relatives : à l'attaque du camp de Mondoro, aux reportages de David Baché des 13 et 15 mars 2022 sur des supposées exactions de l'Armée malienne sur les populations civiles dans le centre du Mali et dans la zone de l'Office du Niger, à la prétendue disparition de citoyens mauritaniens à la frontière malienne ». A cela s'ajoute le « rapport de Human Rigths Watch sur le massacre présumé de soixante et onze personnes par l'armée malienne et à l'usage d'expressions à connotation ''ironique'' et ''péjorative'' pour désigner les autorités maliennes ».

Selon le communiqué, « il ressort de l'examen de ces différentes émissions consacrées au Mali par RFI et France 24 le non-respect des principes d'éthique et de déontologie sur le traitement professionnel de l'information, le non-respect du pluralisme et de l'équilibre des points de vue, les pratiques de parti pris dans la couverture des actes de guerre, des attentats, des violences armées contre les civils, entre autres ». La HAC ajoute aussi que « ces émissions constituent une violation des textes susvisés et de la convention d'établissement liant France Médias Monde à la Haute Autorité de la Communication. La violation de ces dispositions substantielles est considérée comme grave par la Haute Autorité de la Communication ».

Réaction de France Médias Monde

Quelques moments après l’annonce de la sanction définitive, France Médias Monde a réagi via un communiqué et dénoncé non seulement la sanction, mais aussi la procédure, parlant de vice de procédure. « France Médias Monde, la maison-mère de RFI et France 24, proteste vivement contre cette décision qu’elle considère infondée et arbitraire, et fait savoir son intention d’utiliser toutes les voies de recours possibles. L’ensemble des réponses dûment livrées par France Médias Monde à la HAC, dans le parfait respect des procédures maliennes, attestent point par point du professionnalisme et de l’indépendance de ses journalistes, contestant ainsi toute violation des dispositions citées dans la mise en demeure de la HAC en date du 28 mars 2022… En outre, France Médias Monde dénonce un vice de procédure lié à la coupure brutale, unilatérale le 17 mars, préalable à toute mise en demeure et/ou toute sanction (la mise en demeure de la HAC date du 28 mars), qui rend juridiquement nuls et de nul effet tous les actes et procédures qui y sont postérieurs ». « France Médias Monde (FMM) – France 24, RFI et MCD – conteste avec force une telle mesure. Elle utilisera toutes les autres voies de recours possibles », souligne FMM dans un communiqué. « Nous continuerons à couvrir l’actualité au Mali qui intéresse l’Afrique toute entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer à recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde. FMM rappelle son attachement à l’indépendance et à la liberté d’informer. »

Les autorités maliennes avaient ordonné dans la nuit du 16 au 17 mars la suspension de la diffusion de France 24 et de RFI au Mali en raison, selon elle, de « fausses allégations » d’exactions commises par l’armée et rapportées par les deux médias français.

M.K. Diakité

Source: Le républicain