Libération des 49 militaires ivoiriens : Le triomphe du bon voisinage et de la fraternité

Publié le 09 janvier
Source : l'Essor

20 ans de réclusion criminelle pour les 46 militaires ayant comparu et peine de mort par contumace pour les trois autres accusées, les soldats ivoiriens ont tous bénéficié de la grâce présidentielle accordée par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Un geste de magnanimité apprécié aussi bien au Mali qu’en Côte d’Ivoire.

Par le décret n°2023-0002/PT-RM du 6 janvier 2023, le colonel Assimi Goïta a accordé sa grâce avec remise totale des peines aux 49 militaires ivoiriens condamnés par la justice malienne. Selon le communiqué du gouvernement à cet effet, cette mesure démontre une fois de plus  «son attachement à la paix, au dialogue, au panafricanisme, à la préservation des relations fraternelles et séculaires avec les pays de la région en particulier celles entre le Mali et la Côte d’Ivoire». 

Selon le communiqué, cette mesure de grâce prise en toute indépendance symbolise le souci du colonel Assimi Goïta de promouvoir la bonne gouvernance dans le cadre de la refondation de l’état, à travers le respect de l’indépendance de la justice et la non-ingérence de l’exécutif dans les affaires judiciaires.

La mesure de grâce, souligne le communiqué, vient ainsi conforter la dynamique créée suite à la signature à Bamako d’un mémorandum d’entente relatif à la promotion de la paix et au renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage entre les Républiques de Côte d’Ivoire et du Mali. Le gouvernement a renouvelé sa profonde gratitude au président togolais Faure Essozimna Gnassingbé pour ses efforts inlassables et son engagement constant pour le dialogue et la paix dans la région.

Dans la gestion de cette affaire que le Mali a voulue bilatérale depuis sa survenue jusqu’à son dénouement, le gouvernement dit avoir été indigné par l’attitude partiale de certains responsables contre notre pays. Le cas le plus récent que le gouvernement a souligné est la position agressive du président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Umaru Sissoco Embalo, qui «après avoir échoué lamentablement à porter atteinte à l’honneur du Mali devant les instances internationales vient d’opposer un ultimatum au gouvernement de la Transition concernant la libération des Ivoirines».

Les autorités de la Transition ont fait remarquer que « depuis le 14 janvier 2022,  le Mali ne figure plus sur la liste des pays intimidables et a définitivement retrouvé sa souveraineté».

ESPRIT DE DIALOGUE- Après la grâce présidentielle accordée par le colonel Assimi Goïta, les 46 militaires ivoiriens qui étaient détenus au Mali depuis près de six mois ont quitté Bamako pour Lomé le samedi. Avant de regagner Abidjan le même jour avec le ministre d’État, ministre de la Défense de Côte d’Ivoire, Téné Birahima Ouattara.

Le président togolais Faure Gnassingbé, médiateur dans cette affaire, s’est réjoui de la mesure de grâce présidentielle accordée par  le colonel Assimi Goïta aux 49 soldats ivoiriens. «Je salue la disponibilité et l’esprit de dialogue des chefs du Mali et de Côte d’Ivoire qui ont concouru à cet aboutissement heureux», a-t-il indiqué. Il ajoutera que convaincu de l’importance de la paix et de l’entente entre les états pour le bien-être des peuples, le Togo continuera inlassablement d’œuvrer au renforcement de la coopération régionale.

Ces 49 militaires ivoiriens interpellés au Mali le 10 juillet dernier avaient été jugés et condamnés au cours d’un procès de 48 heures à huis clos. Ce jugement s’est déroulé le jeudi 29 et le vendredi 30 décembre 2022 à la Cour d’appel de Bamako.

Dans l’Arrêt de renvoi devant la Cour d’assises en date du 27 décembre 2022, ces 49 militaires, qui sont tous de nationalité ivoirienne, étaient inculpés d’association de malfaiteurs, attentat et complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’état, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise  individuelle et collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur et de complicité. Dans cette affaire dite ministère public contre Kouassi Sanni Adam et 48 autres, deux Arrêts avaient été rendus par la Cour d’assises.

Dans le premier Arrêt, la Cour a condamné les 46 militaires ivoiriens (les accusés comparants) à 20 ans de réclusion criminelle et à deux millions d’amende chacun. Par le second Arrêt, elle a condamné  les trois accusées non-comparantes par contumace à la peine de mort et à 10 millions d’amende chacune.  La Cour a, en outre, ordonné  la confiscation des armes ayant servi à la commission des infractions retenues à la charge des accusés.

MALENTENDU - Au début de cette affaire, les autorités ivoiriennes avaient exigé «la libération sans délai de ces militaires» dont elles jugeaient la détention illégale. Ensuite, elles ont porté l’affaire devant la Cedeao et les Nations unies alors qu’elle avait déjà été judiciarisée par le Mali. Entre-temps, le Togo a offert sa médiation entre les deux pays. Cela a permis la libération des trois femmes parmi le groupe, pour raison humanitaire le 3 septembre 2022.

La Cedeao devant laquelle, l’affaire a été portée par le président ivoirien s’est saisie du dossier. Elle a envoyé une délégation de haut niveau composée des présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et gambien Adama Barrow et du chef de la diplomatie togolaise, Pr Robert Dussey. La décision de cette mission avait été prise lors du sommet extraordinaire tenu par les chefs d’état ouest-africains le mercredi 22 septembre à New-York en marge des travaux de la 77ème  assemblée générale des Nations unies. Cette mission semble avoir été pour beaucoup dans le changement de posture des autorités ivoiriennes dans cette affaire.

Finalement, avec les efforts de médiation du Togo,  elles se sont finalement tournées vers la voie diplomatique pour la résolution de ce qu’elles ont désormais qualifié de « malentendu » entre le Mali et la Côte d’Ivoire.  C’est dans ce cadre qu’une forte délégation ivoirienne conduite par le ministre d’état, ministre de la Défense Téné Birahima Ouattara était à Bamako  le jeudi 22 décembre pour  rencontrer le colonel Assimi Goïta sur ce dossier. Au-delà de l’affaire des 46 militaires détenus dans la capitale malienne, les deux parties avaient signé un protocole d’accord pour le renforcement de leurs liens de bon voisinage, de fraternité et d’amitié.

Après que la justice malienne a fait son travail en jugeant et condamnant les 49 militaires ivoiriens, le président Goïta à qui le dernier mot revenait, leur a donc accordé sa grâce présidentielle le vendredi 6 janvier. Les 46 militaires ivoiriens qui étaient détenus à Bamako depuis près de six mois ont pu regagner Abidjan le samedi 7 janvier.

Le président Ouattara a loué les vertus  de la diplomatie

Au cours de la cérémonie d’accueil de ces militaires à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët, le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a loué les vertus de la diplomatie, une voie qui a permis d’aboutir à ce dénouement heureux. Il ne pouvait pas en être autrement, selon lui, car le Mali est un pays frère et ami.

Le président ivoirien a aussi  exprimé son souhait ardent de voir le Mali, un pays frère, retrouver la paix et arriver à combattre le terrorisme et l’insécurité pour organiser des élections démocratiques et constitutionnelles dès l’année prochaine, comme arrêté d’un commun accord entre les autorités maliennes et la Cedeao.

Alassane Ouattara a remercié également tous les chefs d’état qui se sont impliqués pour leur libération, notamment les présidents Faure Gnassingbé du Togo et Umaro Sissoco Embaló de Guinée-Bissau, président en exercice de la Cedeao.

Dieudonné DIAMA

Source : l’Essor