Selon les syndicats : EDM-SA a besoin d’une thérapie financière de choc

Publié le 30 octobre
Source : l'Essor

En réaction aux propos de la ministre de tutelle sur les délestages, les porte-paroles des travailleurs ont expliqué dans les moindres détails les maux dont souffre leur société. Ils comptent sur l’État pour relever ce défi.

 «Le problème de l’énergie, c’est le manque d’argent… Nous ne sommes pas des voleurs… Les propos tenus par la ministre ont remonté la population contre nous…» Ces propos ont été tenus par les syndicats des travailleurs de l’Énergie du Mali (EDM-SA), réunis vendredi dernier en assemblée générale extraordinaire dans les locaux de l’entreprise. Il s’agit du Syndicat national des constructions civiles, des mines et de l’énergie (Synacome), du Syndicat libre du secteur de l’Énergie du Mali (Sylsem) et du Syndicat unique des travaux de l’eau et de l’électricité (Syteelec).

Faisant bloc, les trois syndicats de EDM-SA ont réfuté catégoriquement les allégations récentes qui ont semé la controverse au sein de leur structure. Par cette sortie, ils entendaient «rétablir la vérité et dissiper les doutes» qui planent sur les travailleurs de l’Énergie du Mali. Des preuves. C’est ce que demandent les syndicalistes à la ministre Bintou Camara qui a affirmé sur la télévision nationale que le carburant destiné aux centrales était détourné. Quand la culpabilité des travailleurs impliqués dans cette affaire sera établie, les syndicats souhaitent que la justice sévisse.

Pour le moment, ont-ils précisé, aucun travailleur n’a été arrêté. «Certes, des agents ont été écoutés mais nul n’a été arrêté», ont ajouté les syndicalistes devant la presse. Brandissant un document, Abba Soufiane Diallo, secrétaire général du comité syndical d’EDM du district de Bamako, a déclaré que les citernes évoquées par la ministre n’appartenaient pas à EDM-SA, mais à une société de la place. Et en ce qui concerne l’affaire des groupes électrogènes, les conférenciers ont dit ne rien savoir des contrats d’achat. Cependant, ils promettent de mener des investigations.

Quant au secrétaire général du comité syndical de EDM-SA, Baba Dao, il a indiqué que les déclarations de la ministre de l’Énergie et de l’Eau, perçues comme des accusations, ont semé la controverse au sein de EDM-SA. Selon lui, l’objectif de l’assemblée générale de vendredi était de réconforter les personnels de la structure face aux propos de la ministre et de certains activistes sur les réseaux sociaux. «Nous avons été atteints par les propos de la ministre. Il y avait un découragement total dans la société Énergie du Mali. Il était de notre devoir, en tant que syndicat, d’appeler les travailleurs pour les rassurer et les mettre en confiance pour que nous puissions continuer à travailler», a expliqué Baba Dao.

Le syndicaliste a évoqué quelques problèmes auxquels la société fait face. La première des choses, a-t-il souligné, c’est qu’il y a un manque d’investissement à l’Énergie du Mali. «Tout le monde sait qu’à EDM, la croissance est de 10%. Chaque année, nous avons des nouveaux abonnés et ce que nous avons est très peu. L’être humain ne peut donner que ce qu’il a», a martelé le syndicaliste qui reconnait que l’État a beaucoup investi, cette année, dans le thermique. Mais, le besoin en carburant est immense. À l’en croire, la seule ville de Bamako consomme 20 citernes de gasoil par jour contre 5 pour l’intérieur du pays.

Aussi, EDM-SA gagne-t-il 500 millions de Fcfa contre une dépense de 1,2 milliard de Fcfa uniquement en gasoil par jour. «Il y a un gap entre ce que nous gagnons et ce que nous dépensons par jour. C’est l’État qui doit combler cela. Effectivement, l’État donne quelque chose. Mais c’est insuffisant pour qu’on puisse donner de l’électricité à la population 24h/24», a révélé Baba Dao, avant de souligner le problème de tarification. Selon lui, les gens trouvent l’électricité chère en dépit des efforts de l’État.

Dans son dernier rapport, a expliqué le syndicaliste Dao, la Commission de régulation de l’électricité et de l’eau (CREE) a fait savoir que l’Énergie du Mali travaille à perte. «1 kwh sorti d’usine à l’EDM avoisine 200 Fcfa. Il est imposé à EDM de le vendre à peu près à 90 Fcfa alors que nous produisons à 200 Fcfa. Quelle société peut sortir des difficultés dans ce contexte ?», s’est-il interrogé. À ce problème s’ajoute l’instabilité de la gouvernance des différents directeurs de la structure. «Rares sont les directeurs qui font une année et demi. De 2012 à 2023, nous avons eu 10 directeurs», a déclaré Baba Dao.

Pour les syndicats, les autorités doivent s’investir à hauteur de souhait pour EDM. Seule solution à la crise énergétique. En ce sens, le secrétaire syndical indiquera l’application des projets structurants dont les études sont finies depuis plus de dix ans. «Nous avons des projets sur l’hydroélectrique dont les études sont terminées. Nous pensons que si ces projets sont exécutés, cela va diminuer un peu les difficultés auxquelles EDM-SA fait face», a soutenu le conférencier. Et de souligner que le plan de développement 2022-2026 de la société énergie du Mali, propose beaucoup de choses à l’État pour qu’on puisse en finir avec les délestages intempestifs.

Amadou GUEGUERE

Source : l’Essor