Vendredi 04 Octobre 2024

AES : trois présidents, une vision

Ces dirigeants représentent le visage du changement dans les rapports entre leurs pays et certains partenaires historiques voire stratégiques.

L’actualité brûlante au niveau de la région du Sahel reste dominée par la création de la Confédération entre les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), c’est-à-dire le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les dirigeants des trois pays, qui n’entendent plus accorder de chèque en blanc à aucun partenaire qui nourrirait un noir dessein pour les peuples de l’AES, ont adopté l’acte constitutif de cette nouvelle organisation lors du premier sommet des chefs d’État de l’AES, tenu le 6 juillet dernier à Niamey au Niger. Ce rendez-vous historique a vu les trois chefs d’État, à savoir le général de brigade Abdourahamane Tiani du Niger, le colonel Assimi Goïta du Mali, le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso, représenter le visage du changement dans les rapports entre leurs pays et certains partenaires historiques, voire stratégiques. Ils entendent désormais affirmer leur souveraineté face à ceux qui étaient absolument les seuls maîtres du jeu politique et diplomatique dans la région ouest-africaine. Aux injections desquels certains dirigeants africains obtempéraient, le petit doigt sur la couture du pantalon.

Le communiqué final du sommet de l’AES a révélé les grandes ambitions de l’organisation notamment la création d’une banque d’investissement de l’AES pour booster l’économie des pays du Sahel, la mise en place d’un fonds de stabilisation et un outil de défense pour la souveraineté des trois pays. à noter que ces différentes actions seront soutenues par une stratégie de communication en vue de donner une information saine à l’opinion nationale. Ce à quoi, s’attelleront les ministres chargés de la Communication de l’espace AES, sous la houlette de leur homologue malien Alhamdou Ag Ilyène.

Mais il faut s’attendre à un matraquage médiatique sur la sortie de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de nos trois pays par certains médias. Ces derniers distillent à dessein de l’intoxication sur les documents de voyages et la circulation des personnes et leurs biens dans les pays de la Cedeao. Mais les Maliens restent débout et droits dans leurs bottes. Débout sur les remparts, ils souhaitent majoritairement que les autorités de la Transition ne cèdent pas le moindre pouce de terrain sur la ligne du redressement (l’affirmation de la souveraineté et la refondation du pays).

Mais a-t-on besoin de sortir d’une grande fabrique de cadres pour comprendre que cela ne se fera pas sans grande difficulté ? Surtout pas sans une résilience du peuple, parfois à bout de patience. En tout cas, il y a aujourd’hui trois présidents de Transition qui partagent la même vision, s’inscrivent dans la même posture de défense des intérêts de leurs pays.

Les dirigeants ont besoin de s’entourer de l’estime et de la confiance du peuple. Mais surtout de rassurer celui-ci. La sortie médiatique bien a propos du patron de la diplomatie malienne, le ministre Abdoulaye Diop, sur les antennes de nos confrères de Bozola (Ortm) participe de cette volonté de rassurer l’opinion. Il a été on ne peut plus clair : «Nulle part dans le communiqué final du 65è Sommet ordinaire de la Cedeao, on ne fait référence aux restrictions de la libre circulation des citoyens des pays de l’AES».

Pour une certaine opinion, notre pays peut se prévaloir de certaines certitudes. Pour une autre partie, le chemin est encore long parce que consciente qu’il est beaucoup plus compliqué de rebrousser chemin après avoir marqué une certaine rupture dans la façon de gérer et de définir la politique étrangère du pays. Toutes les appréhensions réelles ou diffuses doivent être circonscrites. Les citoyens de l’AES adhéreraient globalement à l’initiative de création de la Confédération. D’aucuns diront que c’est une vue de l’esprit, mais un petit sondage d’opinion à une échelle circonscrite permet d’y croire.

Tous nous sommes conscients que la situation reste fragile, mais il faut plus de patience, de résilience pour acter définitivement le changement dans les rapports de force.

Amadou SOW

Source : l’Essor

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