Lundi 02 Décembre 2024

Diéma : Le Boina, une espèce végétale aux vertus insoupçonnées

Les feuilles et les fruits de cet arbre de la zone sahélienne sont utilisés dans beaucoup de pratiques artisanales et médicinales. Il peut être mieux valorisé, si l’État s’intéresse de près à sa promotion et à sa sauvegarde.

Le Tanin est une substance d’origine végétale de la famille notamment des Acacias communément appelé en bambara «Boina». Cette plante pousse souvent aux abords des cours d’eau et résiste mieux à la sécheresse. On la rencontre généralement dans le Sahel.

Dans le Cercle de Diéma, zone semi-aride, le Boina existe un peu partout. Sa présence est plus accentuée dans les Communes de Diéma (ville carrefour entre Bamako et la Mauritanie d’une part et Bamako et le Sénégal d’autre part), Fassoudébé, Guédébiné, Diangounté Camara, Lakamané, Sansankidé et Dianguirdé.

Cet arbuste recèle des vertus multiples. Il est surtout exploité par les Maures et les guérisseurs traditionnels. Les premiers utilisent ses fruits secs ramollis dans l’eau,  pour le tannage des peaux de bête. 

Quant aux seconds, ils les réduisent en poudre pour le traitement de l’ulcère gastrique, des infections urinaires comme les leucorrhorées chez les femmes, communément appelées en bambara «Léminépo», etc.

Certains habitants de la localité à l’image de Mme Kadia Ly, ont conscience de son utilité et de ses bienfaits. Présidente d’association, elle porte toujours sur elle sa poudre à base de fruits de Boina. Ainsi, chaque fois qu’elle est conviée à un atelier, au moment de la pause-déjeuner, si la sauce est constituée de pâte d’arachide ou contient trop d’huile, elle prend un peu de son précieux médicament.

En milieu songhaï, au moment de la rupture du jeûne, on associe la poudre des fruits du Boina au lait aigre pour le boire. Ce mélange est considéré comme un bon défatiguant.

Les chèvres raffolent des fruits du Boina, qui, selon Adama Kéita, leur donnent plus de résistance à cause de ses substances. C’est pourquoi, cet éleveur n’en manque jamais dans son enclos.

La sève du Boina sert de colle pour les petits écoliers. Certains d’entre eux colmatent souvent maladroitement leurs effets, et fabriquent à l’aide de carton de petits jeux d’enfants (avion, pirogue, cerf-volant, etc). Modibo Traoré, élève en classe de 6è année, méprise ce genre de colle,  affirmant que c’est salissant, difficile à gommer. S’il a besoin de colle, il préfère se rendre dans une librairie.

Si ce n’était son mal de genoux, Bakary Sylla, allait reprendre son petit commerce de fruits du Boina. Il y a quelques années, cet homme s’était léché les mains. Il avait apporté jusqu’à Bamako, quelques sacs remplis du précieux sésame qu’il a écoulé à 1.000 Fcfa le kilo.

Malgré ces atouts, le Boina reste faiblement exploité dans le Cercle de Diéma. Pour s’en rendre compte, il suffit d’arpenter en cette période, la route asphaltée menant à Kayes, à partir du village de Guémou, vous verrez des fruits secs de Boina jonchant le sol. Personne ne daigne leur accorder la moindre importance. Fatimetou Siby, tanneuse de peaux à Bougoudré, témoigne : «J’assure l’entretien de mes enfants, grâce au tannage de peaux.

Mes clients viennent avec leurs peaux de moutons, de bœufs, ou de chèvres, pour les tanner, qu’ils utilisent ensuite comme peaux de prière ou à d’autres fins.

C’est durant la fête de Tabaski que la clientèle afflue «surtout chez moi. Je fabrique aussi du «Grifé», une sorte de petit réservoir en forme de gibecière confectionné avec la peau de bête qu’on remplit d’eau pour accrocher généralement sous un hangar en guise de frigo. Cette pratique ancestrale est surtout courante chez les Maures.»

Comme à Dièma, les fruits du Boina existent à foison à Diamkara, mais personne n’en a besoin. Bréhima Coulibaly, un habitant de cette localité, cheminant derrière sa charrette bourrée d’herbe, affirme qu’il y a quatre à cinq ans, des camions-remorques étaient venus dans leur village pour s’en approvisionner et répartir vers un pays limitrophe. 

Il compte ramasser des fruits du Boina pour les stocker en grande quantité, car dit-il, ça peut rapporter un jour. Le Boina est un arbre rentable, il contribue à l’économie de la famille. Il ne doit donc pas être l’affaire des seuls Maures ou guérisseurs traditionnels.

Compte tenu de son utilité, l’État doit entreprendre des actions pour une meilleure promotion du Boina qui tend à disparaitre aujourd’hui dans le Cercle de Diéma à cause de la coupe abusive qu’il subit quotidiennement.

Il urge de développer des initiatives visant à valoriser la filière du Boina, afin de booster l’économie du Cercle de Diéma. Il faut recenser et réorganiser les exploitants des fruits du Boina pour en tirer plus de profits.

Ouka BA

Amap-Diéma

Rédaction

Source : L’Essor

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