Mardi 15 Octobre 2024

Mali : Commission I «paix, réconciliation nationale et cohésion sociale» : Faut-il négocier avec Hamadoun Kouffa et Iyad Ag Ghali ?

Les membres de cette commission répondent par l’affirmative, estimant qu’il est nécessaire de faire prévaloir le dialogue à tout prix. Ils invitent les autorités compétentes à négocier avec les frères égarés en vue d’instaurer une paix définitive dans notre pays

Les travaux du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale se poursuivent au Centre international de conférences de Bamako (CICB), dans de bonnes conditions. Débutées lundi dernier sous la présidence du chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, ces assises ont pour objectif général de contribuer à la restauration de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale.

Notre équipe de reportage a fait, hier, le tour des différentes commissions thématiques. Ainsi, au niveau des commissions I et III, les débats portaient respectivement sur les thématiques 1 : «Paix, réconciliation nationale et cohésion sociale» et 2 : «Économie et développement durable».

À la commission I, les travaux ont commencé aux environs de 9 heures. À l’entame des débats, Boubacar Bah, chercheur et directeur du Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel, a, dans une communication, proposé le «dialogue doctrinal avec les terroristes». D’après lui, au cours de ce dialogue, nos tendances religieuses musulmanes vont se constituer et aller affronter, avec un débat doctrinal, les terroristes pour les confondre et les remettre sur le bon chemin.  

De son côté, le président de cette commission, l’ancien ministre Zeïni Moulaye Haïdara a indiqué que les travaux se passent bien. «Nous avons des discussions extrêmement fructueuses et très importantes sur l’ensemble des sujets. Nous avons sélectionné un certain nombre des recommandations phares que nous allons retenir pour la synthèse», a-t-il annoncé.

Selon lui, la commission est en train de passer en revue ces recommandations pour les affiner et faciliter leur application. «Parce que ces recommandations sont faites pour être appliquées», a précisé l’ancien ministre. En dehors de cette sélection, a souligné Zeïni Moulaye Haïdara, tous les documents, qui ont été reçus de l’intérieur du pays et de l’extérieur, sont consignés dans une base de données au niveau du président du Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens. «Et ces documents seront remis à qui de droit en l’occurrence l’initiateur du dialogue, le président de la Transition», a signalé l’ancien ministre.

NÉGOCIER AVEC KOUFFA ET IYAD- Sidi El-Moctar Sidibé, délégué du Médiateur de la République, participait aux travaux de la commission I. Selon lui, les délégués devaient se prononcer sur les synthèses des phases communale et régionale. «Cependant, la nature humaine étant que les gens aiment trop parler, on s’est mis dans des débats très houleux, alors que l’essentiel est déjà dit. Il s’agit de revoir seulement les synthèses, de les recadrer et de continuer», a fait savoir Sidi El-Moctar Sidibé.

Il soutiendra que tous les participants se retrouvent dans les recommandations des phases précédentes, ajoutant que rien n’y a été modifié. Parmi ces résolutions figure, en bonne place, l’ouverture d’un dialogue avec les groupes terroristes, particulièrement avec les chefs terroristes Hamadou Kouffa et Iyad Ag Ghali. Mme Haïdara Aïchata Cissé dite «Chato», non moins membre du Conseil national de Transition (CNT), a partagé cet avis. «Je suis d’avis pour négocier avec nos frères égarés. Parce que quand on dit «paix et réconciliation», on le fait avec qui ? Je ne pense pas qu’il y ait des problèmes entre ceux qui sont dans cette salle, mais plutôt, entre nous et les autres Maliens. Donc, il faut aller les chercher pour que la paix soit définitive», a exhorté la femme leader.

Toutefois,  a nuancé Mme Haïdara Aïchata Cissé, cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas eu tort de mettre notre pays dans cette situation. Elle a espéré que ce forum soit la dernière fois qu’on parle de paix au Mali. «Parce que c’est la première fois qu’on parle de paix entre nous Maliens sans la communauté internationale qui a servi plutôt à nous planter qu’à arranger nos problèmes», a-t-elle renchéri. Avant de confier que depuis lundi, les débats sont très passionnés dans leur commission.

«C’est bien que les gens disent ce qu’ils ont sur le cœur, parce qu’il y a beaucoup qui ont perdu des parents», a apprécié l’oratrice. Cela est d’autant plus nécessaire que lorsqu’une victime a la possibilité de parler et de dire ce qui lui a fait mal, elle se sentira mieux. D’après Mme Haïdara Aïchata Cissé, leur groupe a proposé «une journée de pardon», afin que ceux qui ont mis le Mali dans cette situation puissent avouer leur tort et demander pardon au peuple.

Pour sa part, Mohamed Ag Lélé, chef d’équipe de la délégation de Ménaka, a signalé que la majorité des recommandations issues de leurs communes et de leur région sont prises en compte. «Nous, nous sommes repartis dans les différentes commissions pour veiller et améliorer ce qui a été dit dans notre région», a-t-il révélé. Appréciant la qualité des débats qui sont «ouverts», Mohamed Ag Lélé a rappelé que tous les sujets sont discutables, sauf ceux relatifs à la Constitution, à la laïcité du Mali et à l’intégrité territoriale du pays.

AUTRE LIEU, AUTRE RÉALITÉ- À notre passage à la commission III aux environs de 11 heures 30 minutes, les débats se déroulaient sans anicroche. Les délégués, venus de toutes les régions, confrontaient les informations qui sont issues des phases précédentes et qui ont fait l’objet de compilation. Cela, afin de voir si elles sont conformes avec les demandes émanant de la base. «C’est à la fois un travail de vérification, mais aussi celui d’amélioration puisqu’il s’agit de mettre en commun des idées», a expliqué l’ancien ministre Pr Assétou Founé Samaké Migan.

Sans surprise, au niveau de cette commission «économie et développement durable», la question liée à l’énergie a été fortement évoquée. Quoi de plus normal quand on sait que l’énergie fait partie des facteurs de production, «donc des facteurs de développement économique». «Nous avons regardé les causes de ce grand manque d’énergie qui plombe notre économie. Et au niveau de la base, les informations remontées demandent de faire un entretien des outils de production et d’améliorer leurs redistributions au niveau de toutes les régions», a confié l’ancien ministre. Et de poursuivre : «Nous avons de grands potentiels et des réalisations qui sont là, mais c’est a cause de la mauvaise gouvernance que ces infrastructures sont aujourd’hui à l’arrêt».

Selon Pr Assétou Founé Samaké Migan, leur commission a mis l’accent sur l’infrastructure énergétique et l’urgence de sa prise en charge. Cela, pour qu’on puisse disposer, à la fois, de l’énergie pour la consommation des ménages, mais aussi de l’énergie nécessaire pour la production industrielle et le développement économique, a-t-elle détaillé.

Les travaux de la phase nationale du Dialogue inter-Maliens prendront fin vendredi prochain.

Bembablin DOUMBIA

Source: l'Essor

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